Blandine Cordier-Palasse a créé son cabinet de recrutement il y a quinze ans. D’abord spécialisé sur le juridique et la compliance, BCP Partners intervient aujourd’hui sur d’autres fonctions de direction, et propose du conseil en gouvernance. Qu’est-ce qui fait l’intérêt d’un recrutement par chasseur dans le contexte actuel ? Comment aborder les questions liées à la compliance et au management des risques ? Entretien.


Quel est le périmètre de vos activités ?

BCP PARTNERS est un cabinet de recrutement spécialisé dans les fonctions corporate, que sont les directions générales, les directions support – finance, DRH, secrétariat général, risques, avec une «niche» historique dans les directions juridique et compliance, étendue aujourd’hui à la RSE.

Lorsque j’ai créé le cabinet il y a quinze ans, notre activité portait exclusivement sur le secteur juridique. Notre périmètre d’intervention s’est élargi à la faveur de la confiance des clients et de leurs besoins. Il y a douze ans, j’ai cofondé le Cercle de la compliance, association professionnelle qui regroupe des compliance officers et des conseils. Ce réseau m’a permis de bien connaître le marché, les organisations et leurs dirigeants, les compliance officers et les enjeux des entreprises selon leur secteur, culture, exposition géopolitique… Grâce à cette implication active, nous avons aujourd’hui une part de leader dans ce domaine.


Quelle est votre approche de la compliance ?

Pour moi, la compliance, c’est du management du risque. Outre les risques financiers, classiques, les risques extra-financiers et juridiques sont de plus en plus critiques, notamment ceux liés à la corruption, aux ententes, export control, sanctions et embargos, conflits d’intérêts, droits humains, travail des enfants… Et pour les ressources humaines, les sujets de harcèlement, discrimination, parité, diversité…

L’entreprise et ses dirigeants peuvent être rendus responsables au plan civil et pénal. Par conséquent, les directions juridique et compliance ont un rôle important pour prévenir ces risques et la mise en cause des dirigeants et des administrateurs. En raison du nombre croissant de normes et de réglementations et de la tolérance réduite sur certains agissements personnels ou professionnels, on observe plus de mises en cause de dirigeants au plan civil, qui aboutissent souvent à leur éviction. Sans oublier que ces sujets entraînent aussi des conséquences financières, à travers les conséquences des agissements frauduleux, les amendes, le coût de l’éviction d’un dirigeant, etc. La compliance est donc avant tout du management des risques.


D’où la nécessité de recruter dans ce domaine ?

Absolument. Ces fonctions se développent dans les entreprises, et on observe que les bons candidats sont de plus en plus opérationnels, pragmatiques, orientés business. Ils contribuent au management des risques, accompagnent le business et en font un levier de l’efficience de l’organisation.


Quels sont vos points d’attention concernant le recrutement ?

Entre la direction générale et les fonctions support, la cohésion est absolument nécessaire. C’est pourquoi nous portons une grande attention à l’adéquation de la personnalité et des softskills du candidat. Selon l’exposition du groupe, le secteur d’activité, la culture, etc., les attentes seront certainement différentes.


Accompagnez-vous également les entreprises de petite taille ?

Nous travaillons pour des entreprises de toutes tailles, de la start-up au groupe international. Les dirigeants d’une start-up qui développe une technologie comprennent rapidement la nécessité d’avoir un directeur juridique fiable, au même titre qu’un directeur financier, pour négocier les contrats afin de développer l’entreprise en préservant leurs intérêts, par exemple conserver la propriété de leurs brevets. Le droit étant devenu une arme économique, ils doivent structurer juridiquement ce qu’ils développent. Les avocats n’ont pas le même rôle qu’un directeur juridique en interne. Et ils sont bons s’ils sont bien drivés en interne.


Pourquoi recourir à vous dans ces circonstances ?

Sur toutes ces fonctions, il y a une guerre des talents. Il faut aller chercher les candidats qui sont en poste, savoir les convaincre de rejoindre le client. À cette fin, il est important de bien connaître le mercato, les organisations, le poste pour le vendre et trouver les bons candidats afin de réaliser le perfect match ! Dans ce marché très tendu, il est évident que l’expérience et la légitimité entrent en ligne de compte.

Mon expertise sur ces sujets fondamentaux me permet de discuter avec les dirigeants et les candidats de façon opérationnelle et de poser des questions assez techniques, à tel point que les clients ou les candidats sont parfois étonnés!
Le recrutement suppose donc une analyse approfondie de la situation…

C’est une analyse qui suppose également de s’intéresser souvent à la stratégie de l’entreprise. Lorsque quelqu’un part, on ne peut pas le remplacer par un clone car l’entreprise, le besoin, a évolué : il faut comprendre quelle est la stratégie pour recruter le profil adapté qui contribuera à atteindre les objectifs.


A-t-elle l’ambition de se développer en Asie ?

Nous devons en tenir compte dans le profil du directeur général ou de la communication financière que nous recherchons, par exemple. Sur ce récent métier de la compliance, le directeur général ou le DRH apprécie d’avoir un chasseur qui l’aide à définir son besoin. Je dois dire que c’est une phase passionnante pour moi et qui d’ailleurs apporte aussi beaucoup au client, qui appréhende mieux ce qu’il peut attendre d’un N-1, en fonction de nos échanges, du calibre, du positionnement…

Si le directeur juridique, par exemple, est membre du COMEX, il pourra interagir avec ses pairs en temps réel et connaît les tenants et aboutissants des projets dès leur genèse et la réflexion stratégique. Il pourra ainsi mieux organiser les flux de travail et apporter sa valeur ajoutée. Aux USA, les entreprises ont bien compris ce rôle stratégique de conseil et le directeur juridique est le bras droit du CEO. En France, il reste beaucoup à faire pour changer les mentalités.

Enfin, nous proposons aussi un autre service : l’évaluation des conseils d’administration et des comités de direction. Outre les évaluations externes obligatoires tous les trois ans dans les sociétés cotées, des dirigeants apprécient de mettre à plat le fonctionnement et l’organisation des instances dirigeantes pour en améliorer la communication et l’efficacité. Nous procédons à une évaluation sur mesure avec le prisme «forces en présence». Si les bonnes personnes sont au bon poste avec la bonne posture, si les comportements sont alignés avec les valeurs, s’il y a un vrai leadership dans la direction, alors la performance, l’efficacité, l’adhésion des équipes suivent au profit de la performance de l’entreprise.


Propos recueillis par Matthieu Binder, pour le Magazine du MEDEF


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