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Dossier métier : Compliance Officer

CERCOMM Etat des lieux du métier – profils – rémunérations – évolution Entretien avec Blandine Cordier fondatrice et Managing partner de BCP Executive Search depuis avril 2010. Ayant co-fondé le Cercle de la Compliance en 2011, elle est la vice-présidente. Elle a démarré sa carrière au sein du groupe Schlumberger avant d’intégrer le cabinet Slaughter & May en 1988 comme avocat. Elle a ensuite rejoint l’entreprise en tant que Directeur juridique et Secrétaire du conseil d’administration de Parfinance à partir de 1994. Sa carrière se poursuite chez Gemplus en 1998 et enfin de Siparex en 2007. Docteur en droit, Master ESCP et avocat au barreau de Paris, elle est aussi administrateur de société. La compliance, une fonction en pleine évolution 78 % des dirigeants d’entreprises à travers le monde considère la multiplication des réglementations comme le principal obstacle à la croissance de leur activité. Mais seulement 35 % se tournent vers le Chief Compliance Officer en place pour anticiper les risques réglementaires susceptibles de compromettre la stratégie de l’entreprise. Quelle est la différence entre la conformité dans les banques et la compliance dans les entreprises ? Le métier de Compliance officer se décline différemment selon l’organisation dans laquelle il travaille. Traditionnellement, il intervient dans la banque qui est une activité très réglementée. Le département conformité a pour mission principale de protéger la banque et ses actifs les plus importants. Ses clients et sa réputation, en support de tous les métiers sont présent dans toutes les zones géographiques. La réglementation est de plus en plus complexe et extraterritoriale. Dans un environnement économique et réglementaire en constante évolution, cette fonction devient stratégique au service du développement de la banque responsable et sécurisé. Cette fonction englobe en général trois activités principales : *La sécurité financière qui consiste à protéger la banque contre les agissements externes, notamment la lutte contre le blanchiment d’argent. A cela s’ajoute le financement du terrorisme, le respect des embargos et des sanctions auxquelles sont soumis certains pays. *La prévention de la fraude tant en interne qu’en externe, *Et la déontologie, qui consiste à protéger la banque et ses clients contre les agissements internes. Cela recouvre la prévention des abus de marchés, des conflits d’intérêts, l’adéquation de l’offre, le respect des traités etc. La conformité définit jusqu’où aller, sans franchir la ligne blanche. L’objectif est de garantir la sécurité des opérations de la banque et préserver son image, sa réputation, la mise en jeu de sa responsabilité civile et pénale. La conformité n’est donc pas seulement une expertise. C’est avant tout une culture du respect des règles pour assurer une performance plus solide et pérenne de la banque. Qu’est-ce que la compliance dans un groupe ? Le risque zéro n’existe pas dans l’entreprise et n’est pas un objectif. Compte tenu de la mondialisation, de la concurrence accrue, de la course aux objectifs toujours plus élevés, d’une part, des réglementations et des normes nationales et internationales de plus en plus complexes d’autre part, la non-Compliance est devenue un risque critique. Un fait peut porter atteinte à l’image et à la réputation d’une entreprise. Il peut également mettre en cause sa performance voire sa pérennité. Pour une entreprise, la réputation est au nombre de ses principaux actifs. C’est également l’un des plus fragiles. Construite pas à pas, dans la durée et l’excellence, la réputation peut s’écrouler en quelques instants. Il va donc de son intérêt de tout faire pour la protéger, pour la renforcer dans toutes ses activités et avec l’ensemble des parties prenantes. C’est pourquoi il convient d’appréhender très en amont les diligences nécessaires afin de protéger l’entreprise de tout risque de non compliance. Les groupes sont de plus en plus enclins également à mettre en place un programme de compliance. Certaines fonctions centrales émergent et deviennent l’un des acteurs stratégiques d’un groupe. C’est assurément le cas de la profession de Compliance Officer. Cette dernière n’est apparue que dans la seconde partie des années 90. Comment avez-vous été sensibilisée à l’importance accrue apportée à ces sujets de compliance ? J’ai été avocat puis directeur juridique et secrétaire de conseil dans des groupes cotés pendant 15 ans. J’ai activement contribué à la mise en place de la gouvernance dans ces groupes. Dès 1995, nous avons établi une charte d’éthique au sein de Parfinance. En 2000, j’ai participé à l’introduction en bourse de Gemplus, à Paris et au Nasdaq. Nous avons ensuite du appliquer les règles de gouvernance en respectant les très fortes contraintes de la réglementation Sarbanes-Oxley. Chez Siparex, le RCCI de ce fonds me reportait fonctionnellement, même s’il était rattaché à l’AMF par la loi. Depuis que j’ai évolué vers le recrutement, je vois bien l’impact de la compliance sur les entreprises. Les groupes anglo-saxons sont d’ailleurs en avance. La compliance est un indicateur de bonne gouvernance et s’inscrit comme l’un des éléments fondamentaux stratégiques.  Mon expérience opérationnelle et l’expertise secteur et métier me permet d’accompagner le développement de ces nouveaux métiers et fonctions. Au sein du cabinet, nous recrutons des équipes transversales, pluridisciplinaires et complémentaires en France et à l’international, pour un déploiement mondial ou régional. Quel est le rôle du compliance officer ? Le rôle du compliance officer est très variable selon les groupes. Il consiste à être la cheville ouvrière de la mise en place et du déploiement de la compliance au sein de tous les échelons de l’entreprise, au plus près des enjeux business de l’entreprise. Il doit être capable d’adapter le programme en fonction de divers paramètres, notamment : *Problématiques auxquelles est confrontée l’entreprise *Enjeux *Marchés *Culture et l’historique *Risques fonctionnels, opérationnels, d’image et de réputation. Par conséquent, il doit d’abord définir l’ADN de l’entreprise afin de déployer un programme de Compliance adapté. Ce rôle requiert une excellente connaissance des activités de l’entreprise en général et une grande faculté d’adaptation. Il requiert également un esprit à la fois ouvert et curieux, une bonne sensibilité à l’évolution des règles et à l’éthique. Pour se faire, il doit présenter des traits de caractères singuliers, propres au poste … Lire la suite de Dossier métier : Compliance Officer